Plus de 700 km séparent Moscou de Saint-Pétersbourg ; pour relier les deux villes, le voyageur débutant sera tenté de prendre l’avion. Mais ce n’est pas la meilleure idée. D’abord, à cause des embouteillages qui vous contraindront à prévoir un départ pour l’aéroport à Moscou près de 4 heures avant votre vol au départ de Moscou. Ensuite, parce que la météo toujours imprévisible peut être cause de retard ou d’annulation de votre vol. Enfin - et surtout ! - parce ce que ce serait vraiment dommage de ne pas tester le train !
De jour, la liaison entre les deux villes est simple et rapide avec plusieurs départs chaque jour. Le trajet prend moins de 4 heures de centre-ville à centre-ville avec le Sapsan, le plus moderne des trains russes de type TGV, construit par Siemens, avec ses rames très modernes et confortables. Trois classes sont disponibles et certains billets comprennent la restauration à la place. Autrement, un wagon-bar et des chariots parcourant le train permettent d’apprécier un sandwich et du café chaud.
La provodnitsa dans les trains russes
A bord des trains russes, il continue de régner une ambiance particulière, sans doute pas si éloignée de celle qu’ont connu les voyageurs des années 80, voire des décennies précédentes. A vrai dire, même si la plupart des trains ont été rénovés et si certains sont même flambant neufs avec notamment des wagons à deux étages, les choses n’ont pas vraiment changé depuis l’époque soviétique. Cette ambiance post-soviétique est essentiellement liée à l’organisation du monde ferroviaire et au personnel de bord.
Le train russe en effet ne fonctionne pas comme le train français: pas d’entrée libre à bord du train et pas de contrôleur itinérant vérifiant les titres de transport en circulant de compartiment en compartiment. Ici, chaque voiture est placée sous le contrôle et la responsabilité de sa Provodnitsa (ou du Provodnik, si c’est un homme). Elle vérifie les billets, empêchant tout intrus de pénétrer à bord, elle installe les voyageurs et elle embarque avec eux. Pendant le trajet, elle peut les renseigner, leur vendre de menues provisions ou les fournir en eau chaude, le fameux « kepitok » pour une infusion ou une soupe… Son rôle est capital à bord du train de jour, mais il l’est encore plus dans le train de nuit.
De nuit, le trajet dure plus longtemps, volontairement, afin de ne pas arriver trop tôt. Le train part le soir tard, de Moscou ou Saint-Pétersbourg entre 23h et minuit, et il arrive à destination le lendemain, entre 6h et 9h. Dans les compartiment 1ère classe, il y a deux couchettes et vous pouvez privatiser la voiture en achetant les deux places du compartiment. Dans les voitures 2e classe, chaque compartiment dispose de quatre couchettes.
Compartiment "Coupé" pour 4 personnes
Mais quel intérêt de voyager en train de nuit ? D’une part, il faut reconnaitre que le paysage péri-urbain autour des deux grandes capitales russes n’est pas des plus époustouflants. On ne perd donc pas grand-chose côté vue. Mais surtout, on goûte l’ambiance du train de nuit russe, la banquette pas si inconfortable, les draps, le balancement du wagon… Si on a choisi de partager son compartiment, on peut faire des rencontres avec des Russes ou parfois d’autres étrangers… Et le lendemain à l’aube, un peu avant l’arrivée, votre Provodnitsa vous offrira un thé chaud, dans les verres si typiques de la compagnie ferroviaire russe « RZD ».
Vous pouvez le siroter en picorant votre plateau repas de petit-déjeuner et en en regardant le soleil se lever sur Moscou ou sur Saint-Pétersbourg. Cette courte nuit vous aura aussi permis d’économiser le coût d’une chambre d’hôtel pour une nuitée à Moscou ou à Saint-Pétersbourg, elle vous aura même donné comme un petit avant-goût de ce que pourrait être un voyage en transsibérien.
![]() Voyage en train de jour
|