Jusqu'au 30 mai prochain le Centre Spirituel et Culturel Orthodoxe Russe du quai Branly présente sur ses vitres de l'avenue Rapp de belles photographies retraçant le parcours de Youri Gagarine. Organisée en collaboration avec le Musée mémorial de l'astronautique de Moscou, cette exposition revient sur les grandes heures de la vie du premier cosmonaute de la planète.
Né dans un petit village des environs de Smolensk, rien ne prédisposait le petit Youri à devenir un des principaux héros du 20e siècle, sinon sa petite taille et ses origines prolétariennes, deux éléments qui feront pencher la balance en sa faveur lors des sélections pour devenir le premier homme dans l’espace.
Son enfance en territoire occupé par les armées nazies fut particulièrement pénible ; son père charpentier restera handicapé suites aux violences des occupants, deux de ses frères et sœurs furent déportés en Pologne et toute la famille dut quitter l’isba familiale réquisitionnée et vivre dans un abri de fortune creusé sous terre.
Un évènement fondateur eut cependant lieu pendant cette difficile période : un avion de chasse soviétique dut atterrir d’urgence à côté de son village, un avion de secours fut envoyé et les pilotes eurent la gentillesse de laisser le jeune Youri monter dans le cockpit pour lui montrer les commandes, ancrant en lui une irrépressible envie de voler.
Après-guerre, il reprit l’école et décida de ne pas suivre les traces paternelles en devant charpentier mais réussit à suivre une formation technique à Saratov où il accéda enfin à son rêve de voler en s’inscrivant dès qu’il le put au club de pilotage amateur de la ville. Sont talent remarqué par ses instructeurs lui permettent de rejoindre une école militaire à Orenbourg où il obtient son diplôme de pilote de chasse avant d’être muté dans une base aérienne proche de Mourmansk, au-delà du cercle polaire.
Ses grandes qualités de pilote, son calme et sa détermination firent de lui un candidat idéal pour le groupe de futurs cosmonautes qui se formait alors dans le plus grand secret. Même son épouse ne devait pas être au courant ! Serguei Koroliov, le responsable du programme spatial soviétique, le remarque pour ses qualités de courage, de facilité à mémoriser les données, d’apprentissage des mathématiques et de la mécanique céleste, mais aussi pour son humour et son sourire qui feront beaucoup pour son succès planétaire à son retour.
Musée des Cosmonautes
Le 12 avril 1961, à 9h07 heure de Moscou, c’est le grand départ. Les chances de réussite n’étant estimée qu’à 50%, la nervosité règne mais Gagarine la dissipe un peu en lançant son fameux « Et c’est parti ! (Поехали! [Païekhali!]) » , expression désormais passée dans le langage courant. Après 1h48 en orbite, pendant laquelle il s’émerveille de la beauté de notre planète vue de l’espace, et une rentrée difficile dans l’atmosphère terrestre, il finit son périple en parachute. Une fermière et sa fille, tout d’abord effrayées par cet étrange personnage tombé du ciel en combinaison orange, le conduisent au kolkhoze voisin pour qu’il puisse téléphoner à Moscou et prévenir le centre de contrôle qui le cherchait 400 km plus loin…
Cité des Etoiles L’annonce de l’exploit de Gagarine fait l’effet d’une bombe aussi bien en Union Soviétique que dans le monde entier. Cette nation que l’on pensait encore engluée dans les efforts de reconstruction des immenses dommages causés par la guerre venait de battre la riche Amérique dans la course à l’espace. Le prestige de l’URSS, déjà considérée comme le principal contributeur à la victoire contre l’Allemagne nazie, atteint alors son apogée.
Gagarine, d’abord seul puis rejoint par Guerman Titov, deuxième soviétique dans l’espace, devint un ambassadeur itinérant de la gloire soviétique, parcourant le monde entier, partout reçu par des foules en liesse. Les années suivantes, il se consacre à la formation des nouveaux cosmonautes et à de nombreuses opérations de propagande mais sa passion de voler, irrépressible, finira par lui être fatale.
Cité des Etoiles
Le 27 mars 1968, au cours d’un vol d’entrainement avec un instructeur, son MIG 25 s’écrase dans des conditions toujours un peu mystérieuses, le transformant définitivement en Icare des temps modernes. Sa gloire reste immense et intacte et de nombreux lieux (dont sa ville natale et un cratère sur la face cachée de la Lune) et institutions sont renommés en son honneur. Rien qu’en France, neuf écoles ou lycées portent son nom, sans compter d’innombrables rues, boulevards ou places.
Baptisé « journée des cosmonautes », le 12 avril est désormais un jour férié en Russie et depuis 2011, cette date a été déclarée « Journée internationale du vol spatial habité » par l’Assemblée générale des Nations Unies.
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